Non à la ségmentarisation de la culture
Comme tout étudiant qui quitte sa cambrousse natale pour une grande ville, je nage avec bonheur depuis bientôt cinq mois dans un bain culturel inédit et bienfaisant. Mon retour en rase campagne à l'occasion des fêtes m'a permis d'avoir un regard nouveau sur la culture et sa diffusion.
Au cinéma du coin, les trois films sélectionnés par la programmation sont les trois blockbusters du moment; Love et autres drogues, Mon beau-père et nous et The Tourist. A la télévision, mes frères ne décrochent pas de MTV qui passe en boucle Lady Gaga, M Pokora et Enrique Iglesias. Le désintérêt que m'inspirent dès lors de tel loisir m'amène à me poser la question suivante; serais-je atteint de snobisme ou bien y a-t-il un vrai problème culturel aujourd'hui?
Un peu des deux sans doute... Mais si la première proposition ne regarde que moi, la seconde est plus générale et mérite un développement.
C'est évident, on assiste depuis quelques temps à une ségmentarisation de la culture. Schématiquement, on a d'un côté la production largement diffusée puis consommée et de l'autre, l'artisanat peu répandu et apprécié par une minorité. Ce manichéisme opposant le succès populaire synonyme de vulgarité mais porteur financièrement à l'intérêt d'intellectuels synonyme de qualité mais pauvre est déplorable.
Chaque "camp" connait ses travers. Le premier ne sait plus si il va consommer de la culture parce qu'il l'a choisit ou bien parce que la publicité s'est débrouillé pour le manipuler mais le second a aussi ses comportements moutonniers qui ne sont plus initiés par des financiers mais par des intellectuels influents, personne n'y échappe... d'où mon snobisme naissant!
Ce qui ressort de ce constat, c'est que notre libre arbitre a de plus en plus de mal à s'exprimer à l'ère de la (sur-)communication de masse.
Mais le succès populaire permet aux artistes de vivre, qu'ils fassent un travail de qualité ou pas. Dès lors,il est inquiétant de se dire qu'il n'est plus seulement dicté par le talent mais aussi par un processus de manipulation.
Alors, au-delà de toutes problématiques de classe social ou d'éducation qui sont sans fins, si la culture nous intéresse, soyons curieux, fouillons, défendons nos choix, prenons position. Ne mangeons pas sagement tout ce qu'on nous mets dans la bouche. Les fruits qu'on découvre soi-même sont plus savoureux...