A Bout Portant de Fred Cavayé

Pour son deuxième long métrage, Fred Cavayé, réalisateur de Pour elle avec Vincent Lindon et Diane Kruger (dont le remake américain Les Trois Prochains Jours est sortis le 8 décembre) réitère l'exercice du thriller, genre qui convient d'habitude peu aux réalisateurs français.

Comme dans son précédent film, une situation idyllique et paisible entre deux personnages, ici Gilles Lellouche et Elena Anaya, est brisée par une histoire de crime crapuleux dans laquelle Gilles Lellouche est obligé de se mêler s'il veut sauver sa femme et l'enfant qu'elle porte, retrouvant ainsi une vie tranquille. Le film nous montre donc à quel point l’héroïsme de gens ordinaires comme vous et moi peut se révéler grand quand il a pour moteur l'amour, amour qui représente la dernière valeur sûre quand l'injustice et la corruption règnent, amour qui triomphera bien-entendu... Rien de nouveau.

                                  

Ce thriller est donc à prendre comme un pur divertissement. De ce côté-là, le film présente de multiples qualités. Fred Cavayé fait preuve d'une remarquable maîtrise dans la mise en scène et le montage des séquences d'action. Gilles Lellouche est parfait dans ce costume de jeune papa commun et héroique à la fois. Il forme avec Elena Anaya, mention spéciale pour ses yeux magnifiques, un couple tout à fait crédible. Leur scènes de tendresse soulignant les beautés de la maternité sont parmi les plus belles du film.

Le scénario est dense et parvient à nous tenir en haleine pendant 1h30. Mais, malheureusement, plusieures invraisemblances viennent parasiter le film. Certains passeront outre mais d'autres, qui ne lui pardonneront pas ces lacunes, risquent de passer un mauvais moment. La question est de savoir si ce sentiment d’incohérence provient du scénario ou alors des défauts d'une mise en scène française qui a toujours été moins efficace dans l'exercice du thriller que les américains. Nous aurons peut-être la réponse si ce film fait également l'objet d'un remake de l'autre côté de l'Atlantique...

Les autres défauts du film sont de l'ordre de l’interprétation. Il est évident que Gérard Lanvin fut peu inspiré pour ce rôle, son jeu mécanique et caricatural est déplorable. Quant à Roschdy Zen, il peine à donner une vraie profondeur à son personnage de cambrioleur pris au piège.

Dommage que les seconds rôles n'aient pas été plus travaillés et les invraisemblances effacées car, sans cela, nous aurions sans doute été en présence d'un excellent thriller français.

Bruno D