Four Lions de Chris Morris ou comment repousser les limites du politiquement incorrect
Four Lions nous raconte le parcours d'une bande de quatre islamistes qui désirent organiser un attentat suicide pour mourir en martyr. Dis comme cela, on parierait volontiers sur un drame ayant pour sujet l'endoctrinement religieux mais Chris Morris nous raconte cela sous le mode de la comédie. Et quelle comédie! Des gags franchement drôles, un humour d'une finesse qu'on ne saurait pas soupçonner en regardant la bande-annonce (j'en profite pour appeler à un boycott des bandes-annonces, ça ne sert à rien à part nous dégoûter du film ou nous gâcher une partie de l'intrigue et des gags). Bref, l'aspect comédie est très réussi. Et s'il se moque de l'extrémisme, il ne s'attaque jamais aux croyances purement religieuses.
Mais de quoi rit-on? On rit de kamikazes qui sacrifient leur vie, de snipers qui se trompent de cible et tuent un innocent, de femmes obligées de prendre leur thé dans les toilettes, entassées. Alors même si cette comédie est brillante, elle pose la question de savoir si on peut rire de tout. Oui à en croire le réalisateur et les rires dans la salle.
Au-delà des rires, on assiste en effet à un terrible drame. Pour le personnage principal, l'attentat suicide est un choix logique qu'il explique presque banalement à son fils et que sa femme accepte sans tristesse. Cet aspect du film montrant des individus inscrits dans un sorte de destinée ("Dieu le veut!") auquel ils ne peuvent se soustraire est beaucoup plus complexe.
On ressort donc de ce film sonné d'avoir autant ri sur un sujet si dramatique, à la recherche d'un sens à tout cela. Une solution serait de se dire que la seule chose à trouver est l'absurdité dont l'humain fait souvent preuve. Dès lors, faire un film "con" sur la connerie humaine, un film absurde sur l'absurdité de l'extrémisme devient plus pertinent.